Grand Paon de nuit mâle

Grand Paon de nuit mâle

C’est un Bombyx remarquable, de taille conséquente (plus d’une quinzaine de centimètres), que nous trouvons en bord de route. Il s’agit du plus grand papillon d’Europe, le Grand Paon de nuit.

Il est amorphe mais bien vivant. Une petite caresse lui fait déployer ses ailes. Est-il léthargique d’être en plein jour ? A-t-il été choqué par une voiture (une antenne est en berne) ou attaqué par un oiseau (les ailes postérieures sont entamées) ? A moins qu’il ne soit en fin de vie, ces créatures ne vivant qu’une semaine à l’état d’adulte. Encore une fois, plus de questions que de réponses.

Nous ne saurons pas le fin mot de l’histoire mais c’est assurément un Grand Paon de nuit mâle, et un très beau spécimen. La largeur de ses ailes fait bien la taille de ma main. Pour une fois qu’il n’y a pas besoin de zoom ou de loupe pour admirer une créature, nous ne nous privons pas de le contempler. On dirait une petite peluche tant par l’aspect que par la douceur au toucher (je me suis contenté de toucher la tête). Les teintes sont superbes. Bien que l’animal soit énorme, il n’a pas été visible tout de suite. Sur son lit de cailloux nous avons cru à un morceau de bois ou de cep de vigne qui aurait été peint en anamorphose. Quelque chose n’allait pas et le cerveau luttait avec l’œil pour accéder à la réalité. Quelques minutes de plus à tergiverser et nous passions à côté.

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Sérendipité et coïncidences

Régulièrement, nous avons droit à quelques mots à la mode, inventés ou dépoussiérés. Après une période d’utilisation trop intensive, ils retournent souvent à leur confidentialité première. Parmi les derniers que j’ai en tête, il y a « éponyme » ou « préquelle ». Je me méfie d’eux bien qu’ils soient souvent pertinents dans leur sens strict. En ce moment c’est la sérendipité qui est à la mode, et bien que je ne m’intéresse pas à elle, elle me poursuit avec assiduité dans mes balades.

La sérendipité, c’est la capacité de trouver autre chose que ce que l’on cherche. Ce n’est pas seulement de trouver par hasard dont il est question : Il faut être dans l’état d’esprit de la recherche pour pouvoir trouver. Si vous ne vous intéressez pas aux insectes, une espèce rare aura beau vous passer sous le nez, vous ne la verrez pas. A l’inverse, si vous cherchez un papillon, vous serez plus disposé à en remarquer un autre, même s’il n’était pas l’objet de votre quête. C’est la sérendipité. Et c’est ce qu’il m’arrive. Beaucoup.

Un autre phénomène auquel j’ai droit, c’est le heureux hasard ou la coïncidence. Je pars avec une espèce végétale ou animale en tête, sans trop croire que je vais la trouver et je la rencontre dans la balade qui suit. J’ai sans doute mémorisé inconsciemment des relations entre saisons, terrain et climat qui portent à mon esprit, telle ou telle possibilité. Cela reste parfois troublant. J’ai une aventure étonnante avec une Empuse que je vous conterai un jour. Pour faire simple, disons que j’ai souvent de la chance.

Le 6 mai, j’ai cumulé les deux, sérendipité et coïncidence. Je partais en repérage d’Orchidées et de Zérynthias. En marchant, je pensais au Phasme vu l’an passé et je me demandais si la génération de cette année allait être précoce. Je pensais l’avoir vu par chance et qu’il me serait peut-être impossible d’en voir à nouveau (pour rappel, le phasme est un champion du mimétisme en plus d’être petit).

J’étais dans un chemin, je ne pensais plus, ni aux Zérynthias, ni aux Phasmes. Je cherchais à rejoindre l’aire de reproduction des premières et ne croyais pas à la possibilité de voir les seconds. Je regardais juste le paysage. Je vis une asperge sauvage et je décidais de cueillir sa pointe tendre pour la grignoter. Le geste me fit remarquer la plante hôte de la Zérynthia, l’Aristoloche rotunda, qui poussais en dessous. Sa présence en zone un peu sèche m’intriguait et je décidais de la regarder de plus près. La vraie surprise fut d’y trouver deux chenilles de Zérynthia (mes toutes premières il faut le dire !). Me baissant pour prendre la bête en photo, je finis par percevoir du coin de l’œil le mouvement d’une autre créature : Un phasme. En me tournant pour l’admirer… j’en vis deux. J’avais l’impression d’être un joueur au casino qui enchaine les gains. Je ne pouvais qu’être étonné de ma propre chance. Je m’arrête pour une prise et c’est un plein filet que je relève.

 

Les chenilles (il y a bien une chenille sur la fleur) :

 L’œuf vide d’une des chenilles :

 

Les Phasmes étaient minuscules, 1 à 2 centimètres pour le corps. Je les fis tomber délicatement dans mon chapeau pour les photographier avant de les replacer dans leur lieu d’origine.

 

 L’un des Phasmes sur une herbe :

 J’ai quand même eu du mal à faire une photo nette, j’ai des progrès à faire ou que j’envisage du matériel pour macro :

 

Je retrouverai ces deux Phasmes quelques jours plus tard, en parfaite santé, et je pourrai les montrer à mon compagnon qui n’était pas présent lors de cet épisode de chance éhontée. Depuis j’ai vu d’autres phasmes, à d’autres endroits. Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai une autre fois et en photo.

 

 

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L’année des Zerynthias

Les Zerynthias : Zerynthia polyxena et Zerynthia rumina.

Nous avons cherché ces petites bêtes pendant deux ans dans notre région. C’est un papillon protégé que nous avions à cœur de trouver. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir déjà vu en vrai avant cette année. Ce sont de beaux petits papillons qui me font penser aux images qu’on gagnait à l’école dans mon enfance (Cette illustration, en particulier, m’y fait beaucoup penser).

L’année 2013 nous a vu complètement bredouille mais nous aura permis d’en apprendre plus sur les lieux, les plantes et de continuer à nous documenter sur les habitudes du papillon. En 2014, ce sera la moisson de rencontres et de photographies. Quelques extraits choisis :

Nous avons tout d’abord la Diane, papillon qui diffère de sa cousine par la tête rouge et la quasi-absence de points rouges sur les ailes antérieures. Il vient en premier à la saison.

La Proserpine est donc moins rouge de corps. Elle se nomme aussi « Thaïs écarlate », c’est dire qu’elle a plus de rouge que la Diane qui ne se nomme que Thaïs, sans adjectif. Elle vient un mois après sa cousine dans le cœur du printemps.

Nous avons trouvé les chenilles et les œufs des deux espèces sur leurs plantes hôtes : Aristoloche pistoloche et Aristoloche à feuilles arrondies. Nous avons même pu retrouver des œufs après l’éclosion.

Nous avons aussi surpris un papillon en train de pondre ce qui nous permet d’identifier l’œuf comme celui de la Proserpine et l’adulte comme étant une femelle. C’est notre seule chance d’avoir ce genre d’informations pour l’instant : nous n’avons pas d’autres compétences pour différencier mâles et femelles, ni pour faire le tri entre les œufs de Diane et ceux de Proserpine.

Toute la galerie sur le sujet :

Il manque certainement des explications mais il s’agit de plus de deux mois d’observations que je ne peux pas résumer ici pour le moment. Je préfère partager ces images sans plus tarder. Ce sont quand même ces papillons qui m’ont décidé à finir ce projet site qui trainait depuis trop longtemps.

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Double arc-en-ciel

Double arc-en-ciel

J’étais sur les chemins, à vélo, quand je fut surpris par une averse semblable aux giboulées de printemps. Plusieurs changements rapides de luminosité et de température, aussi abrupts qu’imprévisibles, se succédèrent. Au détour d’un virage, le ciel noir, constellé de gouttes de pluie dorée, céda brusquement la place à un paysage chaud, tout en clair-obscur, orné d’un magnifique double arc-en-ciel.

Le phénomène de l’arc-en-ciel est toujours aussi magique, aussi beau qu’un coucher de soleil ou un lever de lune, l’imprévisibilité en plus. Je n’avais jamais noté avant ce jour, malgré mon voyage en Islande – pays des arcs-en-ciel, s’il en est – à quel point le pied de l’arc peut colorer le paysage qu’il chevauche.

La photo n’est qu’un témoignage prise au compact, mais je suis heureux d’avoir pu saisir ce moment qui m’a profondément ému. Je comprends qu’on ait une réaction euphorique à la vue d’un tel spectacle. L’intensité des couleurs et de la lumière sont à leur paroxysme. C’est du bonbon pour les yeux, de la symphonie pour rétine.

Mis à part la simple jouissance visuelle, le phénomène me parle sur plusieurs niveaux : scientifique, photographique, optique… La page wiki est assez bien documentée sur le sujet.

On peut trouver des photos bien plus fabuleuses de ce phénomène, jusqu’à l’arc-en-ciel lunaire, mais l’intérêt du site est de faire avec ce que je rencontre.

 

 

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Milan royal dans le sommiérois

Milan royal

Ce n’est pas seulement un milan, mais un couple qui nous surprend à l’entrée de la garrigue. Je ne le sais pas encore mais nous faisons face à l’espèce la plus rare : le Milan royal. Le spectacle est immédiatement saisissant d’autant qu’il ne m’est encore jamais arrivé. Le contraste est particulier juste en sortant d’un supermarché.

J’aimerai savoir dire avec précision le saisissement que procure la rencontre d’un de ces rapaces, faire passer cette émotion qui fige et transporte à la fois. Passé le mètre d’envergure, la rencontre d’un oiseau devient d’une autre nature. Est-ce qu’on se sent plus d’égal à égal, voire inquiété par la bête? Je ne saurais dire exactement mais ces deux créatures, de plus d’un mètre cinquante d’envergure, nous surprennent et nous renvoient à une idée de début du monde.

C’est la chance du débutant qui nous sourit et je dégaine mon appareil photo, sans chercher à savoir si les animaux vont me laisser le temps, ni si les conditions de prise de vue me seront favorables. Le nez dans les insectes et les orchidées, je n’ai pas encore franchis le cap des oiseaux. Mais je n’ai aucun doute sur la singularité de la rencontre. Par chance, le résultat sera exploitable. J’aurai de quoi satisfaire ma curiosité et les échanges avec les associations de défense des espèces menacées.

Il est douloureux de penser que ce spectacle était commun par le passé mais je resterai sur l’espoir qu’apporte cette rencontre.

Maintenant, voici les photos !

(Cliquez sur une image pour l’agrandir, naviguez avec les flèches du clavier si vous voulez).

J’ai eu la main lourde sur le débouchage des dernières photos (débouchage = éclaircir les zones sombres), mais c’était le seul moyen d’identifier avec certitude l’animal. J’espère faire mieux la prochaine fois !

 

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Traces d’Ammonites dans la garrigue

Dans mes pérégrinations naturalistes, je tombe parfois sur des traces d’ammonites. Je vous en ai récolté deux. Dans l’une d’elle, si on la retourne, on peut voir une trace de palourde (ce n’est pas sur les photos). Pour l’instant, je ne me suis pas mis en tête d’en trouver plus mais je trouve intéressant d’en remarquer au hasard. Cela souligne les vastes possibilités d’émerveillement dans un environnement vraiment proche.

Les différents secteurs de la garrigue entre Nîmes et Sommières ne sont peut-être pas les plus extraordinaires du Gard mais ils méritent d’être défendus pour leur diversité et leurs particularités. Il y a une grande variété à portée de main, de chaussure, de vélo. Tout un monde de questionnement et de beauté. Ces fossiles font partie des nombreux signes aux côté des orchidées, des papillons, des oiseaux et de tout ce qui peuple les lieux secs comme humides, dans région qui peut être brûlante comme glaciale, aride comme diluvienne. Partout où le regard se porte, il peut trouver à s’émerveiller.

Ces deux fossiles sont médiocres, au point que je me suis demandé tout d’abord si je me trompais. Ils réussissent pourtant à donner le vertige en plongeant l’esprit dans l’abîme du Temps. L’esprit aspiré par la spirale du coquillage, je vois défiler les possibilités empruntées par la chimie de l’univers, la géologie de la terre, les recombinaisons de la vie. Mes connaissances sont sommaires mais suffisent toujours pour nourrir mes pensées.

Les garrigues sont une ancienne mer et ceci suffit à nourrir les rêveries.

 

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Le Pavot cornu

Pavot cornu

Dans la famille des pavots, je demande le Pavot cornu.

Tout comme la famille des orchidées ou des euphorbes, celle des pavots fascine par la variété de ses représentants. Si on connait le coquelicot et le pavot à opium, on sait parfois moins que la famille est très étendues, jusqu’aux fumeterres par exemple.

Je fais une présentation brève du pavot cornu. C’est une espèce moins connue bien que très présente dans certains sols du Midi. Comme tous les pavots et fumeterres, elle aime les sols pauvres, le sable des bords de rivière ou de mer par exemple, ou les sols fraichement retournés, les éboulis, gravières, carrières, voire certains terrils. On la trouve parfois en compagnie des pavots roses ou des coquelicots. Elle pousse un peu plus facilement en bord de mer que les autres espèces.

Cette plante est remarquable par la profondeur du jaune de sa fleur autant que par le ciselage de ses feuilles. Elle renvoie aux algues et coraux des fonds marins. La partie la plus remarquable reste le fruit qui lui donne son nom. Il est long, fin et légèrement tordu, ce qui lui fait une forêt de cornes à la fin de la saison.

Sur la photo, on en voit un se courber sur la fleur. On y voit mal l’aspect général de la plante mais j’ai saisi ce qui me séduit le plus. Dans ce pavot, les tracés y sont à la fois pleins et subtilement découpés. Les courbes se marient en une danse suspendue qui me rappelle toujours un peu la valse de Camille Claudel.

Mais avec les pavots, pour peu que le vent se lève, la danse reprend.

 

 

 

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La fleur du Limodore

Limodore en fleur

C’est l’une des plus belles orchidées quand on sait la trouver et la voir… et qu’elle fleurit pleinement. Soumise à son champignon, elle croît de façon imprévisible. L’an dernier a été parfait pour son épanouissement et sa floraison (en réalité, les années précédentes ont compté aussi, sa graine se développe très lentement, sur plusieurs années).

Cette année semble bancale, j’attends que mai soit fini pour en avoir la confirmation mais, malgré un plus grand nombre hampes, les fleurs semblent brulées et refusent de s’ouvrir. L’hiver doux et pluvieux a du être favorable mais la sécheresse d’avril traitresse. A confirmer.

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Premier Flambé en photo

Mon premier Flambé en photo


Si ce n’est le premier Flambé que j’ai photographié, ce n’en est pas loin. C’est au moins la première bonne photo que j’en ai fait. C’était un jour de printemps radieux près d’Olargues dans le parc régional du Haut Languedoc.

À l’époque – il y a seulement 4 ans – j’appelais tous ces papillons « machaons » sans distinction, alors qu’il s’agit d’espèces différentes. Je prends ça pour du chemin parcouru. Encore quatre ans et je saurai peut-être faire la différence entre les sous-espèces ?

Ces dernières années, j’en vois (ou j’en remarque – c’est toujours difficile à dire), de plus en plus. Presque au détriment du Machaon d’ailleurs.

 

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