Sérendipité et coïncidences

Régulièrement, nous avons droit à quelques mots à la mode, inventés ou dépoussiérés. Après une période d’utilisation trop intensive, ils retournent souvent à leur confidentialité première. Parmi les derniers que j’ai en tête, il y a « éponyme » ou « préquelle ». Je me méfie d’eux bien qu’ils soient souvent pertinents dans leur sens strict. En ce moment c’est la sérendipité qui est à la mode, et bien que je ne m’intéresse pas à elle, elle me poursuit avec assiduité dans mes balades.

La sérendipité, c’est la capacité de trouver autre chose que ce que l’on cherche. Ce n’est pas seulement de trouver par hasard dont il est question : Il faut être dans l’état d’esprit de la recherche pour pouvoir trouver. Si vous ne vous intéressez pas aux insectes, une espèce rare aura beau vous passer sous le nez, vous ne la verrez pas. A l’inverse, si vous cherchez un papillon, vous serez plus disposé à en remarquer un autre, même s’il n’était pas l’objet de votre quête. C’est la sérendipité. Et c’est ce qu’il m’arrive. Beaucoup.

Un autre phénomène auquel j’ai droit, c’est le heureux hasard ou la coïncidence. Je pars avec une espèce végétale ou animale en tête, sans trop croire que je vais la trouver et je la rencontre dans la balade qui suit. J’ai sans doute mémorisé inconsciemment des relations entre saisons, terrain et climat qui portent à mon esprit, telle ou telle possibilité. Cela reste parfois troublant. J’ai une aventure étonnante avec une Empuse que je vous conterai un jour. Pour faire simple, disons que j’ai souvent de la chance.

Le 6 mai, j’ai cumulé les deux, sérendipité et coïncidence. Je partais en repérage d’Orchidées et de Zérynthias. En marchant, je pensais au Phasme vu l’an passé et je me demandais si la génération de cette année allait être précoce. Je pensais l’avoir vu par chance et qu’il me serait peut-être impossible d’en voir à nouveau (pour rappel, le phasme est un champion du mimétisme en plus d’être petit).

J’étais dans un chemin, je ne pensais plus, ni aux Zérynthias, ni aux Phasmes. Je cherchais à rejoindre l’aire de reproduction des premières et ne croyais pas à la possibilité de voir les seconds. Je regardais juste le paysage. Je vis une asperge sauvage et je décidais de cueillir sa pointe tendre pour la grignoter. Le geste me fit remarquer la plante hôte de la Zérynthia, l’Aristoloche rotunda, qui poussais en dessous. Sa présence en zone un peu sèche m’intriguait et je décidais de la regarder de plus près. La vraie surprise fut d’y trouver deux chenilles de Zérynthia (mes toutes premières il faut le dire !). Me baissant pour prendre la bête en photo, je finis par percevoir du coin de l’œil le mouvement d’une autre créature : Un phasme. En me tournant pour l’admirer… j’en vis deux. J’avais l’impression d’être un joueur au casino qui enchaine les gains. Je ne pouvais qu’être étonné de ma propre chance. Je m’arrête pour une prise et c’est un plein filet que je relève.

 

Les chenilles (il y a bien une chenille sur la fleur) :

 L’œuf vide d’une des chenilles :

 

Les Phasmes étaient minuscules, 1 à 2 centimètres pour le corps. Je les fis tomber délicatement dans mon chapeau pour les photographier avant de les replacer dans leur lieu d’origine.

 

 L’un des Phasmes sur une herbe :

 J’ai quand même eu du mal à faire une photo nette, j’ai des progrès à faire ou que j’envisage du matériel pour macro :

 

Je retrouverai ces deux Phasmes quelques jours plus tard, en parfaite santé, et je pourrai les montrer à mon compagnon qui n’était pas présent lors de cet épisode de chance éhontée. Depuis j’ai vu d’autres phasmes, à d’autres endroits. Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai une autre fois et en photo.

 

 

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L’année des Zerynthias

Les Zerynthias : Zerynthia polyxena et Zerynthia rumina.

Nous avons cherché ces petites bêtes pendant deux ans dans notre région. C’est un papillon protégé que nous avions à cœur de trouver. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir déjà vu en vrai avant cette année. Ce sont de beaux petits papillons qui me font penser aux images qu’on gagnait à l’école dans mon enfance (Cette illustration, en particulier, m’y fait beaucoup penser).

L’année 2013 nous a vu complètement bredouille mais nous aura permis d’en apprendre plus sur les lieux, les plantes et de continuer à nous documenter sur les habitudes du papillon. En 2014, ce sera la moisson de rencontres et de photographies. Quelques extraits choisis :

Nous avons tout d’abord la Diane, papillon qui diffère de sa cousine par la tête rouge et la quasi-absence de points rouges sur les ailes antérieures. Il vient en premier à la saison.

La Proserpine est donc moins rouge de corps. Elle se nomme aussi « Thaïs écarlate », c’est dire qu’elle a plus de rouge que la Diane qui ne se nomme que Thaïs, sans adjectif. Elle vient un mois après sa cousine dans le cœur du printemps.

Nous avons trouvé les chenilles et les œufs des deux espèces sur leurs plantes hôtes : Aristoloche pistoloche et Aristoloche à feuilles arrondies. Nous avons même pu retrouver des œufs après l’éclosion.

Nous avons aussi surpris un papillon en train de pondre ce qui nous permet d’identifier l’œuf comme celui de la Proserpine et l’adulte comme étant une femelle. C’est notre seule chance d’avoir ce genre d’informations pour l’instant : nous n’avons pas d’autres compétences pour différencier mâles et femelles, ni pour faire le tri entre les œufs de Diane et ceux de Proserpine.

Toute la galerie sur le sujet :

Il manque certainement des explications mais il s’agit de plus de deux mois d’observations que je ne peux pas résumer ici pour le moment. Je préfère partager ces images sans plus tarder. Ce sont quand même ces papillons qui m’ont décidé à finir ce projet site qui trainait depuis trop longtemps.

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Double arc-en-ciel

Double arc-en-ciel

J’étais sur les chemins, à vélo, quand je fut surpris par une averse semblable aux giboulées de printemps. Plusieurs changements rapides de luminosité et de température, aussi abrupts qu’imprévisibles, se succédèrent. Au détour d’un virage, le ciel noir, constellé de gouttes de pluie dorée, céda brusquement la place à un paysage chaud, tout en clair-obscur, orné d’un magnifique double arc-en-ciel.

Le phénomène de l’arc-en-ciel est toujours aussi magique, aussi beau qu’un coucher de soleil ou un lever de lune, l’imprévisibilité en plus. Je n’avais jamais noté avant ce jour, malgré mon voyage en Islande – pays des arcs-en-ciel, s’il en est – à quel point le pied de l’arc peut colorer le paysage qu’il chevauche.

La photo n’est qu’un témoignage prise au compact, mais je suis heureux d’avoir pu saisir ce moment qui m’a profondément ému. Je comprends qu’on ait une réaction euphorique à la vue d’un tel spectacle. L’intensité des couleurs et de la lumière sont à leur paroxysme. C’est du bonbon pour les yeux, de la symphonie pour rétine.

Mis à part la simple jouissance visuelle, le phénomène me parle sur plusieurs niveaux : scientifique, photographique, optique… La page wiki est assez bien documentée sur le sujet.

On peut trouver des photos bien plus fabuleuses de ce phénomène, jusqu’à l’arc-en-ciel lunaire, mais l’intérêt du site est de faire avec ce que je rencontre.

 

 

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La fleur du Limodore

Limodore en fleur

C’est l’une des plus belles orchidées quand on sait la trouver et la voir… et qu’elle fleurit pleinement. Soumise à son champignon, elle croît de façon imprévisible. L’an dernier a été parfait pour son épanouissement et sa floraison (en réalité, les années précédentes ont compté aussi, sa graine se développe très lentement, sur plusieurs années).

Cette année semble bancale, j’attends que mai soit fini pour en avoir la confirmation mais, malgré un plus grand nombre hampes, les fleurs semblent brulées et refusent de s’ouvrir. L’hiver doux et pluvieux a du être favorable mais la sécheresse d’avril traitresse. A confirmer.

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